Portrait

Pr. VANGA BOSSON Une passion pour l’enseignement

 

1/ QUI EST HENRIETTE BOSSON VANGA ?

Je suis VANGAH Abo Henriette épouse Bosson, mère de 4 enfants (3 filles et un garçon), pharmacienne et maître de conférences agrégée en Parasitologie Mycologie. Je suis également Conseiller à l’ordre National des Pharmaciens. Et depuis février 2023, vice doyen en charge de la pédagogie de l’UFRSPB. En dehors de ces qualifications académiques, je suis également Manager Essor chez FOREVER LIVING PRODUCTS et à la tête de 2 micro-entreprises :

 - *INSTANT INOUBLIABLE*: un service d’événementiel, de restauration et de pâtisserie;

- *PERLERIIZ*: une fabrique de bijoux ethniques...

 

2/ PARLEZ-NOUS DE VOTRE PARCOURS ACADEMIQUE JUSQU’A AUJOURD’HUI ?

Rire… un peu long je l’avoue… BAC + 20….J’ai fait le Cycle primaire à Notre Dame du plateau. Le Cycle secondaire au lycée Sainte-Marie d’Abidjan où j’ai obtenu un BAC C. Puis, j’ai fait le Tronc commun et par la suite, l’UFR SPB. Je suis sortie docteur en pharmacie le 14 février 2005. Ancienne interne des hôpitaux (2002- 2006), Je suis devenue assistant chef de bioclinique en parasitologie-mycologie en 2007 grâce à Feu Pr Koné Moussa dont je salue la mémoire, puis Maître assistant en 2014. Titulaire du doctorat de l’université Pierre et Marie curie de Paris 6 en 2017, je passe le concours d’agrégation en 2020 où je termine major de ma section. À côté de cela, je suis titulaire de 3 CES de biologie : parasitologie-mycologie, biochimie et bactériologie-Virologie et de plusieurs masters notamment de Santé Publique, d’entomologie Générale, de Médecine tropicale et santé internationale et Biologie cellulaire et moléculaire des parasites et champignons.

 

3/ AVEZ CHOISI DELIBEREMENT D’ETUDIER LES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES OU CELA S’EST-IL IMPOSE A VOUS ?

(Rires) C’est le choix de Dieu, à qui je rends toute la Gloire. Avec le bac en poche je voulais faire l’INPHB, plus précisément l’ESCA.

N’ayant pas eu la mention, malgré mes très bonnes moyennes en classe, j’ai été recalée. Je me rappelle que ma mère voulait faire intervenir une personne afin que je puisse être prise mais sa meilleure amie, mon témoin de mariage, lui a dit: “laisse Dieu faire. S’il ne l’a pas permis c’est que ce n’est pas sa voie »

Et j’avoue, j’étais malheureuse et perdue. J’ai déposé mon dossier d’orientation au public et même au privé. Je n’ai été retenue nulle part sauf au tronc commun (rires) J’étais dépitée parce que deux de mes brillantes cousines venaient d’échouer pour une seconde fois.

Aller faire mes études en Russie a été même envisagé, avec l’une de mes cousines qui est aujourd’hui pharmacienne, mais ma mère a refusé.

Et voilà comment je me suis retrouvée à m’inscrire à ABOBO-ADJAME.

Pour le choix de la filière... J’ai mis en 1er choix... Pharmacie... 2ème... Pharmacie... Et 3ème... Pharmacie, car je ne supporte pas la vue du sang.

Je me rappelle que pour me consoler ma mère m’expliqua qu’en 3ème sur ma fiche d’orientation, j’avais mis Pharmacienne pour métier envisagé, et qu’elle croyait que c’était vraiment la volonté de Dieu. J’ai donc accepté mon sort (rire).

 

4/ EN ENTRANT EN FAC DE PHARMACIE, PENSIEZ-VOUS QUE VOUS AURIEZ UNE TELLE CARRIERE ?

Franchement Non (rire). Loin de m’imaginer que je serai même Vice Doyen aujourd’hui. Et qui sait ce que Celui (Dieu, le Tout Puissant) qui a choisi que je sois là, me réserve encore. Il ne cessera de m’étonner (rires). Wait and see...

Mais une chose est sûre c’est qu’après mon stage de 2ème année je savais que je ne ferai pas officine. C’était clair.

 

5/ COMMENT ETES-VOUS ARRIVEE A L’ENSEIGNEMENT ?

J’ai toujours baigné dans l’enseignement car mon père était professeur de Français et ma mère professeure de Sciences Naturelles.

L’option de l’enseignement s’est clarifiée en 4ème année quand j’ai vu feu Pr Koné Moussa faire cours. Je me suis dite voici l’exemple à suivre. Et à partir de ce moment, j’ai demandé aux aînés ce qu’il fallait pour y arriver.

On m’a dit qu’il fallait être interne. Je fais donc l’internat en 5e année. Qu’il fallait avoir des CES et je les ai fait.

Je n’ai plus voulu quitter le Pr Koné Moussa, mon maître. Je voulais apprendre de lui. J’ai fait l’internat dans son service. J’ai été moniteur de travaux pratiques de Parasitologie Mycologie et j’ai choisi un sujet de thèse dans cette discipline.

Je voudrais profiter pour rendre hommage, à ce grand homme parti trop tôt. J’espère que d’où il est, il est fier de moi et de ce que je suis devenue. Merci infiniment Pr Koné Moussa.

 

6- EN TANT QUE PHARMACIENNE ENSEIGNANTE QU’ELLES SONT LES DIFFICULTES AUXQUELLES VOUS FAITES FACE ?

La Carrière d’enseignant chercheur requiert de la persévérance, de la patience et de l’abnégation. Je l’ai dit minimum bac+20.

Après le diplôme de pharmacie, il faut faire des spécialisations complémentaires. Et la première difficulté est de pouvoir organiser son temps entre le travail, si on est déjà fonctionnaire.

La deuxième difficulté c’est d’allier travail et vie de famille. Notre famille paie parfois un lourd tribut afin que nous puissions atteindre notre objectif. En 2012, après le décès de Pr KONE Moussa, j’ai dû abandonner mon époux avec 3 enfants en bas âge. Ma fille avait à peine 2 ans. Je n’ai pas vu mes enfants grandir...

Je voudrais profiter pour remercier mon époux Mr Bosson Landry Eric pour tous les sacrifices consentis. Dieu sait qu’il y en a eu.

Troisième difficulté c’est l’argent. Car en l’absence de financement, il faut payer de sa poche les études complémentaires, parfois très coûteuses. Quand je prends mon exemple, j’ai étudié 5 années à Paris. Le coût du logement, 3 aller/retour à Abidjan par année pour voir ma famille... C’est parfois très difficile.

Pour surmonter tout ça, il faut du courage et la foi en Dieu et on finit par y arriver.

 

7- QUELLES SONT LES DIFFERENTES EVOLUTIONS QUE L’ENSEIGNEMENT A CONNU AU FIL DES ANNEES ?

Effectivement, l’enseignement a connu plusieurs évolutions.

De notre temps, les cours nous étaient dictés.

Aujourd’hui à l’ère du numérique et du digital, le mode d’enseignement à évoluer. Les enseignements et les évaluations peuvent se faire en ligne. Demain pour ne pas dire maintenant l’intelligence artificielle AI (CHAT GPT…. rire), dont l’évolution se fait à la vitesse de la lumière, nous devrons nous adapter. Cette problématique est déjà débattue au sein des collèges des Doyens de pharmacie. Il a fait l’objet d’une demi-journée de travail lors de la conférence de la CIDPHARMEF en début juin 2023.

En effet, Le diplôme de pharmacie permet d’embrasser près d’une centaine de métiers pour lesquels l’enseignement devra tenir compte. Et c’est la vision du décanat avec à sa tête le Pr OUATTARA Mahama, que je voudrais remercier pour avoir porté son choix sur mon humble personne pour gérer le département de la pédagogie.

 

8- QUELS SONT LES DEFIS QUE VOUS RENCONTREZ AVEC LES ETUDIANTS ?

Cela fait à peine 2 mois que je suis Vice Doyen et je ne pourrai pas vous énumérer les défis auxquels je serai confrontée. Mais une chose est sûre, mon plus grand défi est d’offrir à la société ivoirienne des pharmaciens d’un niveau exceptionnel et ce, sur tous les plans avec le savoir-être, le savoir vivre et le savoir-faire.

 

9- COMMENT JUGEZ-VOUS LE NIVEAU ACTUEL DES ETUDIANTS ?

Le niveau actuel des étudiants est bon et il peut être encore amélioré car nos étudiants sont très intelligents. Nous trouverons ensemble, enseignants et étudiants, la formule afin de faire de l’UFR une école d’excellence.

 

10- QUE REPROCHEZ-VOUS LE PLUS SOUVENT AUX ETUDIANTS D’AUJOURD’HUI ?

Mon plus gros reproche c’est l’absentéisme au cours magistraux. Il est vrai que le système LMD rend ces cours facultatifs, mais les étudiants doivent comprendre que les études de science de la santé sont pratiques. La participation aux CM leur permet une bonne assimilation afin de réaliser la pratique. Malheureusement, les lacunes accumulées par leurs absences aux CM font qu’ils n’assimilent pas bien la pratique. Je me répète, car la répétition est pédagogique. Il faut 10 000 heures de pratique pour attendre le niveau de maîtrise associé à un expert de classe mondiale et ce dans n’importe quel domaine. Et c’est ce que la plupart des gens qui ont réussi ont fait (Billes Gates, Serena Williams…). Le fait de réaliser une action plusieurs fois permet à l’organisme de se mettre en mode automatique. C’est comme conduire ou faire du vélo…

Les CM sont une première répétition, les TP sont la deuxième répétition et enfin les TD la 3ème. De sorte qu’au moment des révisions des examens, le cerveau est en mode automatique. Et quand c’est fait de cette manière, on retient pour la vie ce qu’on a appris. On n’aura pas juste bossé pour l’examen mais pour avoir la connaissance qui nous servira dans la pratique professionnelle.

J’exhorte donc les étudiants à participer à tous les cours sans exception car c’est là que se trouve le secret de la réussite.

 

11- QUELS CONSEILS POUVEZ-VOUS DONNER AUX ETUDIANTS ?

Je souhaiterais que les étudiants retiennent cette expression : la dictature de l’apparence. On dit que l’habit ne fait pas le moine, c’est vrai mais dans la réalité, l’habit fait le moine. Il faut que les étudiants sachent qu’ils sont de futurs pharmaciens. Donc ils doivent déjà revêtir les habitudes et les comportements d’un pharmacien et cela passe d’abord par leur apparence donc par leur manière de s’habiller, de se chausser, de se coiffer.

Je voudrais à cet effet raconter une petite anecdote. Il y a quelques années, quand je suis devenue maitre-assistant, j’ai déposé mes dossiers à la fonction publique pour mon avancement et il se trouvait qu’il y avait un document qui manquait. Et il me fallait me rendre à la fonction publique. Et ce jour-là, je me suis super bien habillée comme une chef d’entreprise.

Une fois sur les lieux, comme par hasard, je suis tombée nez à nez avec la directrice du service mais je ne le savais pas. Comme j’étais habillée comme elle, elle s’est approchée de moi, m’a demandé en quoi elle pouvait m’aider et m’a même fait entrer dans son bureau. Et quand je lui ai expliqué, elle m’a indiqué exactement la personne auprès de laquelle je devais me rendre. Et lorsque je suis allée voir cette personne, je lui ai dit que je venais de la part de la directrice et lui ai expliqué mon problème. Ce monsieur a immédiatement saisi mon dossier et a rajouté le document qui manquait. Tout cela pour dire qu’une personne bien habillée attire toujours l’attention. Et depuis ce jour je ne m’habille jamais de façon négligée. Je ne demande pas qu’ils portent des vêtements chers mais il faut qu’ils soient proprement habillés.

Je voudrais également les inviter à pratiquer la lecture. Surtout des livres de développement personnel. J’aime bien le livre de JEFF OLSON le léger avantage que je relis au début de chaque année. L’auteur explique les choses simples faites par les personnes qui réussissent. Il est dit qu’un leader est un lecteur.

Aussi, il faut qu’ils aient un modèle. En fonction du métier de pharmacien qu’ils veulent faire, il faut qu’ils identifient un pharmacien de ce domaine qui les accroche. Ils doivent suivre cette personne et prendre des conseils auprès d’elle pour pouvoir rapidement trouver leur voie.

Les études de pharmacie sont parfois stressantes et la meilleure manière de s’aérer c’est d’avoir des hobbies. Mon hobby quand j’étais à la fac, c’était la cuisine. Comme je savais cuisiner et à partir de la 4è année, j’ai commencé à faire les cocktails de thèse. Ça me faisait du bien mais cela me permettait aussi d’avoir un peu d’argent en plus.

Une personne est entière lorsqu’elle réussit à allier vie personnelle, vie professionnelle, vie sociale et vie familiale. C’est un tout. Il faut qu’ils tiennent compte de ça pendant qu’ils sont en train de faire leurs études. Il ne faut pas qu’ils bloquent leur vie en restant seulement focus sur les études. C’est sur les bancs qu’ils vont trouver leurs futurs conjoints ou conjointes.

Enfin, par-dessus tout ils doivent avoir la foi en Dieu et en ce qu’ils font. Ma vie est un véritable témoignage et je ne cesserai de rendre gloire à Dieu.

                                                                        

Danielle YESSO


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