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Onychophagie. Quels sont les risques pour la santé de se ronger les ongles ?

Si se ronger les ongles n’est qu’une manie passagère pour certains, d’autres y trouvent véritablement refuge et voient en ce geste une solution anti-stress face aux aléas du quotidien. La survenue de cette mauvaise habitude peut néanmoins être responsable de conséquences néfastes pour l’organisme, qui dépassent son côté inesthétique. Faisons le point sur ses causes, ses risques et les meilleurs moyens de s’en débarrasser.

Onychophagie : pourquoi se ronge-t-on les ongles ?

Généralement acquise durant l’enfance, ses formes les plus sévères toucheraient principalement les enfants et les adolescents. Spécialiste des thérapies comportementales et cognitives (TCC), Stéphane Rusinek explique que cela peut être lié à l’ennui et/ou à l’anxiété ressentie par les jeunes. Un trouble qui peut perdurer jusqu’à l’âge adulte et s’ancrer dans le quotidien. 

Si l’onychophagie ne se manifeste qu’à un âge plus avancé, elle est généralement liée au stress, poursuit l’expert, notamment au travail, aux problèmes de couple ou encore aux états anxieux liés à la situation financière. En effet, la respiration se fait plus lente et plus profonde pendant qu’une personne se ronge les ongles. Une habitude qu’il peut donc être difficile d’abandonner. 

Il évoque également l’aspect pratique qui consiste à se raccourcir les ongles car ils n’ont plus la même fonction qu’autrefois, lorsqu’ils servaient au cours d’activités ou de combats. Ainsi, l’onychophagie relèverait plus aujourd’hui de “comportements innés ou acquis très tôt », car dès l’enfance, nous avons généralement tendance à porter nos mains à notre bouche. Quant à savoir si cette manie relève du TOC ou de l’addiction, Stéphane Rusinek explique que les chercheurs optent plus pour un comportement compulsif. Pour autant, un état de manque peut parfois être constaté chez les individus qui tentent d’y mettre un terme. 

Quels sont les risques pour la santé ?

Si on a tendance à la percevoir comme une mauvaise manie, il faut savoir que l’onychophagie n’est pas sans risques pour l’organisme, sans oublier les ongles et les dents qui pâtissent de ce trouble. Interrogés par le magazine Health,  des experts présentent les diverses conséquences qui peuvent en découler.

1. Les dents et les gencives peuvent s’abîmer

Selon la dentiste Gigi Meinecke, des fragments d’ongles peuvent toucher le tissu gingival et provoquer une inflammation ou encore une infection. Si elle admet que ce cas de figure est peu commun, il n’en est pas pour autant improbable, met-elle en garde. Elle révèle par ailleurs que parmi ses patients qui se rongent les ongles, les problèmes les plus récurrents concernent souvent des dents fissurées, parfois fracturées à l’avant de la bouche, notamment lorsque cette manie est chronique. Un avis rejoint par le Dr Gérald Kierzek qui explique sur Europe 1 que l’on peut finir par abîmer l’émail dentaire. 

2. L’ongle subit une déformation

Au-delà des conséquences que l’onychophagie peut entraîner dans l’organisme, la première répercussion visible est esthétique et concerne l’état des ongles. Comme l’explique Debra Jaliman, dermatologue à New York, cette mauvaise manie peut les empêcher de pousser correctement et entraîner des déformations. Cela s’observe notamment au niveau de la matrice de l’ongle avec des petites stries, ce qui montre que ce dernier est en mauvaise santé. 

3. L’ongle peut s’infecter

Se ronger les ongles peut augmenter les risques d’infection bactérienne sous l’ongle, notamment la paronychie, qui se caractérise par des rougeurs, des gonflements et la présence de pus, indique le Dr Jaliman. En outre, ce type d’infection requiert généralement un traitement antibiotique pour la soigner et peut parfois se transformer en véritable danger. En Ecosse, un homme avait failli mourir d’une infection bactérienne à cause de l’onychophagie. Il a dû se faire opérer en urgence et a perdu son ongle définitivement. Des risques de mycose au bout des ongles sont également possibles, avertit le Dr Kierzek, notamment lorsque l’on finit par arracher un bout de peau. 

4.Les bactéries peuvent entraîner des troubles digestifs

Si les médecins insistent autant sur le fait de se laver correctement les mains et de manière régulière, c’est parce que ces dernières sont constamment au contact d’objets pouvant favoriser la transmission de bactéries. Ces dernières peuvent alors proliférer en dessous de l’ongle et atteindre l’organisme lorsque nous portons nos doigts à notre bouche, explique le Dr Kierzek, qui alerte contre les troubles digestifs qu’ils peuvent occasionner. Une enseignante américaine avait même mené une expérience en classe pour montrer aux enfants l’importance de se laver les mains, étant donné que ces derniers ne sont pas toujours conscients des risques d’une mauvaise hygiène.

Comment arrêter de se ronger les ongles ?

Si la plupart des enfants délaissent cette habitude à l’âge adulte, certains continuent même au-delà de l’adolescence. Pour cette raison, il est conseillé de les inciter à s’en défaire, sans pour autant exercer une pression qui pourrait s’avérer contre-productive. Parmi les règles à suivre pour arrêter de se ronger les ongles, vous pouvez : 

  • Hydrater vos mains pour que le goût désagréable d’une crème vous empêche de les porter à votre bouche ;
  • Opter pour une alternative à ce geste, comme une boule anti-stress ;
  • Couvrir l’ongle rongé d’un pansement pour éviter d’y toucher ;
  • Limer vos ongles correctement pour ne pas être tenté de les égaliser avec les dents ;
  • Mettre un vernis amer pour que le goût en bouche soit désagréable ;
  • Privilégier les manucures ou la pose de vernis pour vous dissuader d’y toucher ;
  • Parler à un professionnel pour vous aider à mieux maîtriser votre stress ;
  • Pratiquer une activité sportive ou relaxante telle que la méditation, le yoga ou la sophrologie pour vous détendre et canaliser vos angoisses.

Dans les cas les plus graves, Stéphane Rusinek indique toutefois que la prise en charge doit être globale pour soigner le trouble à l’origine de cette manie. “L’approche ne peut se réduire à considérer le trouble pour lui-même. Elle doit s’intéresser à tout ce qui le compose”, explique le spécialiste des thérapies comportementales et cognitives. Cela implique des facteurs tels que le stress ou encore les ruminations qui peuvent pousser à se ronger les ongles ou prolonger cette mauvaise habitude. 

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