Portrait

Dr. Emma ANGOUA : La marraine

 

       1-  Présentez-vous svp.

Je suis Dr TANOE Emma épouse ANGOUA, pharmacienne, mariée, mère de 5 enfants. Je suis  titulaire de la Pharmacie des Finances sise au plateau depuis octobre 1996.

 

       2-  D’où est parti votre désir de devenir pharmacienne ?

Je suis née en France, d’un père diplomate en fonction à Paris et d’une mère institutrice. Je viens d’une famille nombreuse, alors lorsque nous rentrions en vacances d’été, ma mère me confiait d’office à sa petite sœur pharmacienne Dr EGNANKOU Juliette .Elle a officié à la pharmacie du CHU de Cocody, en tant qu’assistante à la pharmacie de Dr EBAGNITCHI à Treichville, à la pharmacie de la Cité des Arts à Cocody de Mme COLOMB, et ensuite dans sa propre pharmacie à la pharmacie de la Cité à ABOBO Gare. Elle m’emmenait partout avec elle à ma demande  et me  faisait faire toutes les tâches possibles que je pouvais faire pour mon jeune âge et cela m’a beaucoup plu. Quand la mission de mon père a pris fin lorsque j’avais 11 ans et que nous sommes rentrés définitivement en Côte d’Ivoire, j’ai naturellement continué à aller à sa pharmacie pendant les vacances scolaires et les grandes vacances, et à apprendre de plus. J’apprenais très vite et j’étais passionnée par le métier. Déjà au collège quand on me demandait ce que je voulais faire comme métier plus tard, c’était une évidence, je répondais invariablement que je voulais être pharmacienne. Quand j’ai obtenu mon baccalauréat Serie D, je me suis inscrite sans réfléchir  en pharmacie. De toute façon, je n’aurais pas su quoi faire d’autre. C’était une vocation.

 

       3-  Où avez-vous fait vos études ?

Après le collège moderne de Cocody, j’ai fait une année au Lycée Classique d’Abidjan, puis je me suis envolée pour la France où j’ai passé le baccalauréat et intégré la faculté de pharmacie de Lille II Droit et Santé dont je suis sortie diplômée.

 

      4-  Comment êtes-vous devenue vice-présidente de l’Ordre ?

Quand je suis rentrée en Côte d’Ivoire, mon diplôme en poche, j’ai été embauchée par ma tante Mme EGNANKOU en tant qu’assistante. Elle était déjà à l’époque très occupée par ses fonctions dans le groupe Pharmafinance. Cela m’a permis d’assister à sa place à toutes les rencontres pharmaceutiques et de faire la connaissance de mes confrères avec lesquels j’ai tissé des liens. Je me suis installée par la suite et certains m’ont approchée pour intégrer des comités d’organisation de manifestations pharmaceutiques. Par la suite, j’ai pris part à des activités ordinales et intégré des commissions. J’ai toujours trouvé le temps pour me rendre disponible pour la profession parce que cela me paraissait important, et puis il faut bien que quelqu’un le fasse, nous ne pouvons pas tous être détachés des instances de la profession, en se disant que d’autres le feront, au risque de courir à notre perte. J’ai d’abord été élue à la Présidence de l’UNPPCI section du Plateau en octobre 2015. En octobre 2017 j’ai démissionné  pour aller me présenter aux elections ordinales de 2017, à la demande de certains confrères.

 

     5-  Vous avez été directrice générale de Plein Sud Distribution, comment en êtes-vous devenue directrice ? Racontez-nous un peu vos activités là-bas ?

J’ai créé la société Plein Sud Distribution SARL, lorsque j’ai eu besoin d’élargir mon offre en parapharmacie au niveau de mon officine. J’importais des produits demandés ou qui me semblaient répondre à la demande de ma patientèle, et certains de mes confrères ont manifesté le besoin de détenir également ces produits. Au fur et à mesure nous avons agrandi notre portefeuille de fournisseur  et notre clientèle. Nous avons également ouvert des magasins spécialisés dans des  cosmétiques de qualité. C’est une entreprise familiale gérée par les membres de ma famille, je suis encore à ce jour actionnaire.

 

 

       6-  Vous êtes propriétaire de la pharmacie des finances, pourquoi avez-vous voulu avoir votre propre pharmacie ?

       J’ai été très bien formée par ma tante Mme Egnankou Juliette. Très tôt j’ai tenu sa pharmacie et touché tous les domaines de gestion possibles. Je me suis sentie très rapidement prête à voler de mes propres ailes et créer mon officine. J’avais besoin d’être mon propre patron, je pense que j’aime diriger. Concernant mon officine, ma fille Dr Angoua Mathilda, est aujourd'hui à mes côtés.

 

        7-  quelle est votre expérience de la vie en officine ?

C’est une très belle expérience. Je suis d’un tempérament très tourné vers l’autre. J’aime faire partie d’associations caritatives, d’associations tournée vers les plus faibles, les plus vulnérables. J’avais donc besoin d’un métier qui met l’etre humain au centre de tout. J’aime rendre service, m’occuper de mon prochain. La pharmacie d’officine est un lieu exceptionnel ou vous rencontrez des gens de tous bords avec comme  dénominateur commun : la détresse face à la maladie.  Vous avez des personnes qui viennent vous voir,  qui sont stressées par leur maladie ou celle d’un enfant, d’un parent  ou par une situation de pandémie délicate comme celle que nous avons connue lors de la covid 19. Ils ont besoin d’être écoutés et rassurés. Le travail de pharmacien d’officine demande une grande capacité d’écoute, et de communication, pour accueillir et conseiller les patients avec aisance, à être bienveillant, empathique,  et patient, avec un très grand sens de l’éthique.  Mais ce n’est pas tout. Nous sommes avant tout des agents de santé publique et une grande partie de mon travail réside dans la sensibilisation, la prévention et dans  la promotion de la santé publique   . Exercer en officine m’a  appris à être un bon manager , à être rigoureuse  dans mon travail , mais surtout à avoir un bon  esprit d’équipe pour travailler de manière efficace  avec mes collaborateurs. 

Être pharmacien est une belle aventure humaine très gratifiante. On rentre le soir chez soi avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose de bien.

 

         8-  Comment arrivez-vous à gérer votre pharmacie en plus de vos activités à l’Ordre ?

          Ce n’est pas facile, mais avec un minimum d’organisation, on y arrive. On travaille tout simplement 2 fois plus. Il y a des périodes qui sont plus denses que d’autres mais cela reste marginal. Grâce à la décentralisation, nous avons de la chance d’avoir des conseillers engagés  qui peuvent représenter les instances dans tout le pays. Nous avons nos réunions de bureau une fois par semaine, les sessions du Conseil National  une fois par mois et surtout les representations de l’ordre des pharmaciens dans des conseils d’administration, des conseils de gestion ou de régulation de certains organismes à des fréquences variables. Le Président de l’ordre a eu l’ingénieuse idée de désigner les conseillers qui représentent l’ordre dans ces différents conseils. Ainsi les tâches sont partagées. Ma fille Dr ANGOUA MATHILDA aujourd’hui à mes côtés, diplômée depuis mai 2022. Elle m’est d’une aide incommensurable.

 

 

   9-  Vous êtes beaucoup sollicitée en tant que marraine, pourquoi les étudiants vous vouent-t-il une telle admiration selon vous ?

       J'ai eu la chance d'être guidée par des aînés en entrant dans la profession et qui m'ont mis le pied à l'étrier. J’ai bénéficié de conseils inestimables, et de facilités à m’intégrer dans le métier. J’ai côtoyé des personnes qui étaient accéssibles malgré la difference d’âge et leurs fonctions dans la profession, et qui m’ont aidée quand le besoin s’est fait sentir. Il m’a semblé évident de tendre la main aux plus jeunes, pour les aider à trouver également leur place, mais aussi leur donner les conseils les plus judicieux afin qu’ils puissent trouver leur voie. Ils ont dû se passer le mot ! Plaisanterie mise à part, je pense que l’intérêt que vous pouvez manifester à la jeunesse, les conseils que vous pouvez leur prodiguer, le temps d‘écoute jouent pour beaucoup. Ils sont la relève de demain, ceux sur lesquels nous comptons pour préserver nos acquis, mais aussi pour pérenniser le travail abattu par nos prédécesseurs, que nous nous sommes attelés à faire fructifier. Quoi de plus normal que   d’interagir avec eux afin de leur transmettre le flambeau au moment venu ?

 

    10-  Vos activités ont-elles un impact négatif sur votre vie de famille ?

      Ça peut arriver aux périodes de rush dans les activités pharmaceutiques, mais je me débrouille pour ne pas qu’il y ait un trop grand impact au niveau familial. Je consacre mes week-ends et les vacances d’été  à ma famille. Tout n’est qu’une question d’organisation et j’ai toujours veillé à cela.

 

    11-      Quels conseils pouvez-vous donner à la jeune génération ?

      La profession de pharmacien offre de nombreuses opportunités et défis.

Comme aime à le dire  le Président de l’ordre Dr Arounan Diarra : là où le médicament est présent, il doit y avoir un pharmacien. La jeune génération devra totalement s’approprier cela et continuer à se battre comme nous le faisons actuellement, pour que nous soyons présents partout où le médicament est manipulé. Rien ne pourra remplacer la présence du pharmacien, aucune machine ou logiciel informatique ne pourra remplacer la présence rassurante et chaleureuse  d’un pharmacien soucieux du bien-être du patient .Pour se rendre indispensable le pharmacien devra régulièrement mettre à jour ses connaissances par la formation continue  et relever tous les défis qui se présenteront a lui. Il va lui falloir toujours apprendre dans un monde ou la pharmacologie et les traitements médicamenteux évoluent. Il va devoir développer des compétences en communication pour interagir avec les patients, les médecins et les autres membres du personnel médical , pour bien comprendre les besoins des patients, donner des conseils et collaborer avec les professionnels de santé.

Le pharmacien devra faire  preuve d'empathie envers les patients pour améliorer la qualité de l'interaction et assurer une meilleure adhésion au traitement.Il devra aussi devenir un spécialiste incontournable dans certains domaines tels que la pharmacie clinique, la pharmacie hospitalière, et surtout dans  l’industrie pharmaceutique, gros défi en Côte d’Ivoire maintenant et  pour les années à venir.

Le jeune pharmacien devra travailler ses competences  en gestion, en management et travailler son leadership pour gérer des officines ou  occuper des postes de direction.

  Nos lois vont changer et la jeune génération aura à intégrer la e-pharmacie dans l’exercice de leur art, il leur faudra donc être prêts à aborder ces nouveaux défis et à en être les protagonistes tout en préservant l’essence même de leur métier.

Les jeunes ne devront pas perdre de vue que dans tous ces bouleversements, leur persévérance, leur  engagement et leur dévouement envers nos populations devra être sans faille.  Seule la passion de leur métier leur permettra de surmonter tous ces obstacles et contribuera à leur épanouissement personnel dans  leur carrière,  pour que ce noble et beau métier de pharmacien perdure.

 

 

Danielle YESSO

 


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