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Vergetures : des zébrures indélébiles ?

Les vergetures font partie des lésions cutanées les plus fréquentes. Entre 50 et 90 % des femmes présentent ces zébrures sur les hanches, le ventre, les fesses ou encore la poitrine. Les hommes ne sont pas épargnés : quelque 40 % d’entre eux sont touchés par le phénomène.

Ces lésions tissulaires surviennent généralement lors de l’adolescence, en raison des pics de croissance, de la prise de poids et des bouleversements hormonaux. Elles apparaissent également lors de la grossesse, en particulier au cours des 2e et 3e trimestres. L’obésité, les régimes yo-yo, certains troubles endocriniens (syndrome de Cushing), les traitements prolongés par corticoïdes ou encore l’hypertrophie musculaire des haltérophiles — souvent renforcée par une prise de stéroïdes anabolisants — sont également des terrains prédisposant aux vergetures.

Le cortisol altère la qualité du collagène

« Elles sont dues à un étirement cutané trop brutal qui provoque la rupture des fibres de collagène et d’élastine du derme, décrit le Dr Gilles Korb du Centre médecine esthétique Nantes atlantique. Mais la distension de la peau n’explique pas tout. On constate aussi une influence hormonale, notamment du cortisol, qui altère la qualité du collagène et des fibres élastiques mais également les oestrogènes. » En outre, certains pensent aujourd’hui que les mastocytes présents dans le tissu conjonctif relargueraient des enzymes, appelés élastases, capables de détruire les fibres d’élastine dans le derme moyen. Les fibres fragmentées seraient ensuite éliminées par les macrophages.

Au stade inflammatoire, les stries linéaires apparaissent rouges ou pourpres, en raison du processus de néoangiogenèse qui a lieu. Puis, les mois suivants, la microcirculation disparaît, les fibres de collagène se réorganisent, les fibres élastiques s’affinent. Les vergetures s’atrophient, et deviennent hypopigmentées. Certes bénignes, elles impactent néanmoins la qualité de vie et l’image de soi des patients. Et ces derniers sont souvent à la quête de LA crème qui arrivera à bout de ces marques, ou mieux encore, qui pourrait prévenir leur apparition. Mais force est de reconnaître que peu d’options s’avèrent aujourd’hui efficaces.

« En prévention, les préparations à base de centella asiatica, ou hydrocotyle, semblent intéressantes, bien que les résultats restent modestes. »

Quelle efficacité pour les cosmétiques ?

En prévention, les préparations à base de centella asiatica, ou hydrocotyle, semblent intéressantes, bien que les résultats restent modestes1. Originaire d’Asie, cette plante contient de l’asiaticoside, qui stimule les fibroblastes. On la retrouve dans la crème Madécassol 1 %, Cicaplast de La Roche-Posay, Cytolnat centella crème apaisante, Jonctum vergetures crème riche, ou encore Jaïlys vergetures de Jaldes. Il est par ailleurs stipulé que l’acide hyaluronique stimulerait la production de collagène, mais les preuves sont encore ténues. Il en va de même pour les produits qui misent sur les vitamines A, B, C ou E. Bref, rien de concluant ni de prometteur.

D’ailleurs, en 2012, la revue Cochrane2 soulignait qu’il n’y avait « aucune différence moyenne statistiquement significative au niveau de l’apparition de vergetures chez les femmes ayant reçu des préparations topiques contenant des ingrédients actifs par rapport aux femmes ayant reçu un placebo ou n’ayant pas reçu de traitement ». Aucune différence non plus en ce qui concerne la gravité des vergetures. Des travaux récents enfoncent le clou : les produits anti-vergetures ne feraient pas mieux que les crèmes hydratantes, émollientes ou les huiles telles l’amande douce, le karité, l’huile de coco ou l’huile d’olive. Mais à en croire une récente étude japonaise réalisée auprès de 150 femmes enceintes, hydrater la peau ne serait pas suffisant pour l’empêcher de craqueler3.
L’application des produits serait la clé. « Il faut stimuler manuellement les zones à risque pour booster la production de collagène, en réalisant de petits pincements Jacquet qui consistent à pincer la peau entre trois doigts et à la tourner. Des gestes qu’il faut effectuer de bas en haut car les vergetures ont tendance à remonter », décrit le Dr Catherine de Goursac, médecin généraliste spécialisée en médecine esthétique (Paris).

« Il faut stimuler manuellement les zones à risque pour booster la production de collagène. »

Agir avant qu’il ne soit trop tard

En revanche, une fois que les zébrures commencent à apparaître, ces produits ne sont plus d’aucune utilité, s’accordent les deux experts. Seuls les médicaments sur prescription ou les soins de médecine esthétique (voir encadré) peuvent en venir à bout. Mais il faut agir lorsque les vergetures sont violacées. « En appliquant de l’acide rétinoïque à 0,1 % quotidiennement durant au moins 6 mois, on réussit à les atténuer, voire à les faire disparaître, à condition de démarrer le traitement précocement », selon le Dr Korb, qui rappelle que « ce topique est contre-indiqué chez la femme enceinte et allaitante, et une contraception est obligatoire chez les autres ».

En ce qui concerne les vergetures blanches, aucun traitement topique, avec ou sans prescription, ne peut les faire disparaître. « Et même les traitements de médecine esthétique ne pourront pas faire de miracles. Il est impossible de garantir une disparition définitive », insiste le Dr Korb.

1. J Eur Acad Dermatol Venereol, 2016 Feb;30(2):211-222.
2. Cochrane library, Database of Systematic Reviews, 2012.
3. Midwifery, 30, 6, 2014.

Les solutions de médecine esthétique

Pour venir à bout des vergetures, dermatologues et médecins esthétiques disposent d’un vaste choix de traitements. « La combinaison de ces traitements est très souvent nécessaire pour obtenir de bons résultats. Pour autant, des protocoles précis restent encore à définir », souligne le Dr Gilles Korb du Centre médecine esthétique Nantes atlantique.

  • Les peelings à l’acide glycolique ou à l’acide trichloracétique réalisés chez un dermatologue ou un médecin esthétique permettent d’exfolier la peau, de la lisser mais également de stimuler la production de collagène. Ils peuvent être utilisés contre les deux types de vergetures.
  • Le microneedling vise à faire réagir la peau et à stimuler la production de collagène et d’élastine dans les différentes couches du derme. En pratique, le praticien passe tout le long de la vergeture un stylo électrique doté d’une vingtaine ou trentaine de microaiguilles pour perforer la peau de 0,5 à 3 mm. Cette technique est généralement complétée par l’application d’un peeling, d’un cocktail d’acide hyaluronique et/ou l’exposition à la lumière LED infrarouge, cette dernière étant censée activer la cicatrisation.
  • Différents types de lasers (laser colorant pulsé, Yag, lasers fractionnés ablatifs ou non, IPL ou excimer) sont aujourd’hui disponibles. Certains permettent de réduire l’érythème des vergetures rouges en agissant sur la composante vasculaire. D’autres, sous l’effet de l’échauffement, stimulent la production de collagène par les fibroblastes et la réorganisation des fibres élastiques ; ils peuvent donc être utilisés sur les vergetures rouge ou blanches.
  • La radiofréquence permet une rétractation du derme en le chauffant à 40 ou 42 °C. Ce traitement long (10 à 20 séances sont nécessaires) est surtout indiqué en cas de vergetures blanches.
  • Enfin, la carboxythérapie est plébiscitée par certains praticiens. Elle consiste à injecter dans la vergeture, sous anesthésie locale, du CO2 en sous-cutané ; en réaction, l’hémoglobine relâcherait l’oxygène, ce qui permettrait de réoxygéner les tissus et d’activer les fibroblastes. •

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