Portrait

Dr ATSEPO ADAM, L’AMAZONE DE LA PROFESSION PHARMACEUTIQUE EN COTE D’IVOIRE

Bonjour docteur

 

 

Parlez-nous de votre parcours. Depuis combien de temps exercez-vous dans la profession pharmaceutique ?

Je suis diplômée de l’université d’Abidjan Cocody, précisément à l’époque de la Faculté de pharmacie de Cocody, diplômée en Mai 1992, et je suis  fière de faire partie  de la 10ème promotion. Mon parcours professionnel a débuté à la Fonction Publique précisément au Laboratoire National de la Santé Publique, affectée au contrôle qualité de 1993 à 1994. J’ai commencé ma carrière dans le privé en tant que Pharmacienne Responsable Associée au sein de la Pharmacie Moderne MAZUET SARL, située à Abidjan dans la Commune du Plateau, de 1995 à 1997 

Jusqu’à réaliser mon rêve d’avoir ma propre Officine de pharmacie en Novembre 1998

 

Dr, au cours de votre carrière, quelles sont les difficultés rencontrées,  et quels sont les avantages de la profession ?

Après la Fonction Publique, les défis en Officine ont été multiples, surtout au Plateau. La gestion d’une entreprise exige une rigueur particulière. Être un bon gestionnaire et responsable des ressources humaines sont des qualités essentielles. La concurrence féroce et la pression financière au Plateau ont accentué la nécessité d’une gestion d’entreprise solide.

Comme avantage appréciable : je dirai qu’après l’obtention de son diplôme, le jeune pharmacien ne chôme pas.

 

 

Quelles sont les qualités essentielles pour être un « bon » pharmacien ?

 

Un « bon » pharmacien doit exceller en gestion et en relations humaines. Nos collaborateurs sont essentiels, et une bonne formation et transmission de discipline sont primordiales pour assurer l’efficacité de l’officine. Gérer les finances est également une compétence cruciale pour maintenir une pharmacie prospère.

 

Dr. pourquoi vous vous faites appelez l’ « Amazone » de la profession  pharmaceutique en Côte d’Ivoire ?

Ce surnom me flatte, me fait sourire également, mais je pense qu’il reflète mon tempérament. Je n’ai jamais accepté l’idée de la faiblesse féminine. Mon engagement dans des luttes pour la reconnaissance de la Profession, l’autonomie financière, et la justice fiscale et bien d’autres… a certainement contribué à cette appellation. J’ai fait partie du bureau de notre Syndicat , anciennement appelé SNPPCI qui avait à sa tête Dr KOUAMELAN Christine : Chef Amazone , auprès de qui j’ai beaucoup appris, je suis membre du Conseil d’Administration du GIEPHARM : notre groupement d’intérêt économique , dont la COPHARM MUTUELLE est membre Co fondateur, je suis également membre du Conseil d’Administration de FINPHARMA SA : le Fonds de Garantie de la profession pharmaceutique dernièrement créée en Février 2023 et à ce propos la COPHARM MUTUELLE sous le mandat du CNOP Conseil National de l’Ordre s’est vue confier la tâche de mise en œuvre jusqu’à la création effective de ce fonds . Je milite pour que le pharmacien ivoirien soit reconnu en tant que bon professionnel de la santé, pour que le pharmacien puisse être suffisamment outillé pour bien faire son travail, afin de satisfaire les populations.

 

En tant qu’ « Amazone » du secteur pharmaceutique, quelles réformes et avancées attendez-vous de la part des pouvoirs publics pour faciliter les missions du pharmacien ?

La profession traverse des difficultés financières, et l’industrialisation du secteur pharmaceutique est cruciale. Les autorités doivent soutenir cette transition vers l’autonomie financière, Je plaide également pour des réformes fiscales plus allégées et surtout une production locale de médicaments.

 

Vous êtes aujourd’hui présidente de la Copharm Mutuelle qui est une mutuelle d’entraide, qu’est-ce que vous apportez de plus dans ce mandat auprès des pharmaciens ?

La Copharm Mutuelle, vient d’une Coopérative existante de pharmaciens. J’aime bien le rappeler et il ne faut surtout pas qu’on l’oublie, nous avons des aînés qui ont déblayé d’avance et ouvert le chemin. C’est à nous de l’ agrandir. Je suis Présidente du Conseil d’Administration depuis 2015 , je suis fière de pouvoir  dire que c’est grâce à tous les pharmaciens membres de cette Mutuelle, et grâce à un  conseil d’administration de 12 membres qui ont donné de leur temps, et de leur énergie, je profite de l’occasion pour les remercier, que notre  Mutuelle est là où elle est aujourd’hui. La COPHARM MUTUELLE a connu une croissance remarquable. Nous sommes partis de moins d’une cinquantaine de membres, à plus de 400 membres aujourd’hui. Notre transparence et notre engagement ont renforcé la confiance des adhérents. Nous avons pu avec notre épargne collective faire quelque chose  de tellement visible et solide par le montant sans cesse grandissant, que le nombre d’appuis financiers octroyés rapidement (72 Heures aux Mutualistes que nous pouvons affirmer que la COPHARM MUTUELLE, véritable outil financier, est une réponse aux besoins en financement du pharmacien.

 

Comment arrivez-vous à organiser votre vie de famille votre carrière professionnelle ?

L’organisation est essentielle, surtout lors de mon implication dans les instances professionnelles. J’ai des enfants qui sont de jeunes adultes aujourd’hui, cela facilite la gestion de mon temps. Une organisation efficace et le soutien famille sont les clés pour équilibrer vie professionnelle et personnelle.

C’est vrai qu’il y a eu des moments difficiles, et quand j’ai commencé à m’impliquer  au niveau des instances de la profession, mes enfants étaient déjà  grands. C’est vrai qu’il faut une organisation, un mari, des enfants, une maison, ça demande du temps. Aujourd’hui la femme du 21e siècle avec l’organisation  est au même niveau qu’un homme. S’occuper des enfants, organiser sa maison, quand on gère bien les hommes, on peut aussi bien gérer sa maison.

 

Qu’est-ce qui vous passionne dans la vie en dehors de la  pharmacie, et du médicament ?

Je suis une passionnée de sport : la course de fond, de danse, et de musique

J’aime recevoir et faire plaisir aux autres.

L’art, la décoration, la mode et l’esthétique sont également des centres d’intérêt qui ajoutent de la couleur à ma vie

 

Quel est votre plat africain préféré ?

Le Foutou Sauce Graine

Dr. Parlez-nous d’une anecdote qui vous a marqué tout au long de votre carrière au service de la santé publique soit positivement ou négativement.

Il y a une très grande Amazone avant moi, qui m’a beaucoup  inspiré c’est le Dr. KOUAMELAN CHRISTINE elle a été présidente du syndicat de Côte d’Ivoire. Ses analyses précises et sa vision ont marqué les combats professionnels. Son influence continue de me guider , et je m’en inspire dans mon rôle actuel

Une couleur qui vous parle, pourquoi ?

Les nuances du marron  au beige.

Existe-t-il des difficultés dans la profession pour une femme ?

Non, au contraire. Les femmes sont nombreuses dans notre profession, occupant des places de Leadership.

 Les pharmaciens nous font confiance, reconnaissent notre rigueur et notre compétence.

Les femmes dans la profession sont perçues comme des battantes et des trésorières fiables .

 

À présent, quelles sont vos perspectives d'avenir ? C’est quoi actuellement votre challenge ?

Mon objectif est d’atteindre L’autonomie financière pour les pharmaciens ivoiriens, avec une banque dédiée, et une diminution de l’importation des médicaments, Mon défi actuel est de concrétiser ces aspirations, en unissant les pharmaciens autour de ces objectifs communs.. Un enseignement et des formations de qualité dispensés  ici en Côte d’Ivoire. Le secteur pharmaceutique ivoirien bouge, et les plus jeunes sont exigeants, on ne peut pas les décevoir.

Quels seraient vos conseils aux jeunes pharmaciens qui entrent dans la vie active ?

Embrasser cette belle profession avec conviction. Soyez bien organisés, car elle offre la satisfaction de contribuer à la Santé publique.

Travaillez dur, persévérez, et participez à toutes les facettes du domaine pharmaceutique, car le secteur est vaste et diversifié.

Je leur dit juste qu’ils sont en train d’embrasser une belle profession. Rien de tel si la population est bien soignée, avec des médicaments de qualité, pas seulement en officine, parce que la pharmacie ce n’est pas seulement l’officine,  il y a la distribution, la fabrication,  l’enseignement, la communication,  le secteur est vaste, et rien de tel que de dire j’ai participé à l’économie de mon pays. C’est  un beau métier et quand on est bien organisé, ça nourrit son homme.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes en général et aux jeunes filles en particulier qui hésitent à  embrasser cette carrière vu le côté très scientifique  de la formation?

Que ces  jeunes filles viennent assister au moins une fois à la remise des prix en faculté de pharmacie et sciences biologiques, les meilleurs élèves se sont les filles. Dieu nous a fait ainsi, la femme est rigoureuse et n’a pas peur de la  douleur et de la persévérance. Nous mettons 9 mois pour créer un être, pensez-vous que un homme peut être patient comme nous s’il était à notre place (rires) ? Les études en pharmacie, c’est du travail, des nuits blanches, mais, qui finissent par payer.

 

Edithe Valerie Nguekam


Commentaires

Articles chauds